Thème de l’année pastorale 2017 :
la gratitude
La troisième apparition de la Vierge à Banneux, le jeudi 19 janvier 1933, est particulièrement importante et riche. À la demande de Mariette : Qui êtes-vous, Belle Dame ? celle-ci révèle un nom nouveau : Je suis la Vierge des Pauvres. Ensuite, elle conduit la petite voyante à la source. Les témoins entendent l’enfant dire : Belle Dame, vous avez dit hier : cette source est pour moi. Pourquoi pour moi ? Devant ce malentendu, Marie sourit et clarifie les choses : Pas pour toi ! Pour moi ! Et elle ajoute : Pour toutes les nations, pour les malades. D’une voix forte, l’enfant s’exclame : Merci ! Merci ! Avant de lui dire au revoir, la Vierge promet : Je prierai pour toi.
Le double MERCI de Mariette nous a inspiré le thème de l’année pastorale 2017 : vivre dans la gratitude, cultiver la reconnaissance, dire merci de tout notre cœur.
Une vie terre à terre
Lors de la première apparition, Mariette se tient à la fenêtre de la cuisine et la Belle Dame, dans le jardin potager : deux lieux qui évoquent la vie de tous les jours. Nous le savons et nous l’expérimentons sans doute parfois : la vie quotidienne peut nous accaparer très fort. « Métro, boulot, dodo » : tel est le quotidien de nombreux citadins. Chez les Beco, la ribambelle des sept enfants occupait les parents du matin au soir. Heureusement, Mariette, la « petite maman » de la maison, mettait déjà la main à la pâte. Ce quotidien accaparant peut alors rétrécir sensiblement notre horizon. Nous ne voyons et ne pensons pas plus loin que le bout de notre nez. De même que la main que l’on tient devant les yeux vous cache la plus haute montagne, ainsi notre petite vie terre à terre nous empêche de voir les fantastiques lumières et les secrets dont le monde est rempli. Celui qui est capable de l’écarter de devant les yeux verra l’intense rayonnement du monde interne (Nahman de Braslaw).
N’est-ce pas un peu ce qui est arrivé à Mariette ? Subitement s’offre à elle le rayonnement d’un monde auquel elle croyait sans doute un peu, mais qui ne jouait pas de rôle dans sa vie. Elle a découvert que la réalité est bien plus vaste, pour une part invisible aux yeux de chair, mais pas moins réelle. L’invisible est peut-être même plus réel que la réalité que nous percevons avec nos sens.
Le Belle Dame ouvre une brèche sur le monde invisible : le ciel fait irruption sur la terre. Dorénavant, une vie terre à terre ne suffira plus à Mariette. Elle sort dans le noir, fixe le ciel et attend la visite céleste. De nombreuses années plus tard, contemplant l’azur, la voyante disait encore : Ah, si elle pouvait revenir !
Vers la source
Du jardin, la Vierge conduit l’enfant à la source. Un fermier avait creusé le fossé : l’eau y était recueillie et abreuvait le bétail qui passait par là. Un usage bien terre à terre. Cette source est réservée pour moi ! Dorénavant, la Belle Dame conduira les pèlerins à cette source. Pour les uns, elle symbolise Jésus, pour d’autres le Père miséricordieux, pour d’autres encore, le Saint Esprit. Peu importe : Marie conduit toujours au Dieu Trinité qui veut nous combler de son amour et de sa vie. Elle veut nous rappeler la vocation profonde de chaque être humain : par l’eau du baptême, devenir fils ou fille de Dieu, et apprendre de Jésus à vivre en enfant de lumière.
Pour toutes les nations, pour les malades…
Quand Marie annonce que la source est pour toutes les nations, en particulier pour les malades, un élan de gratitude s’empare du cœur de Mariette. MERCI ! MERCI ! Elle connaissait sans doute l’un ou l’autre malade et s’est réjouie qu’ils allaient trouver en Marie un secours et une consolatrice. N’ayant pas compris le mot « nation », une partie importante du message lui échappait encore. L’enfant avait bien compris que les malades auraient une place de choix à Banneux. Elle ne pouvait pas imaginer que des pèlerins viendraient un jour des cinq continents. Tu verras des choses plus grandes encore disait Jésus à Nathanaël. Marie aurait pu dire la même chose à Mariette : elle aura mille et une raisons de remercier le Seigneur et la Vierge Marie !
Si tu savais le don de Dieu…
Les hommes souffrent souvent d’ignorance et d’inconscience. Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, se plaint le Seigneur. Effata ! Ouvre-toi ! Découvre le don de Dieu, élargis ton horizon ! Tout simplement ! Quand tu bois un verre d’eau, pense à la source… Quand tu t’habilles, n’oublie pas le labeur du tisserand, et quand tu manges, pense à la misère du paysan (proverbes chinois).
Nous ne devons pas vivre comme des somnambules. Notre conscience doit s’éveiller, notre cœur, s’émerveiller. Tout au long de l’année 2017, en particulier pendant la saison des pèlerinages, nous essayerons de cultiver dans nos cœurs la gratitude pour les innombrables dons et bienfaits que le Seigneur nous accorde. Nous essayerons de reconnaître les innombrables bienfaiteurs qui croisent nos routes tout au long de notre vie. Nous remercierons surtout le Donateur par excellence. Oui, grâce soit rendue à Dieu pour son don ineffable (2 Co 9,15) !
Abbé Leo Palm,
Recteur du Sanctuaire